Super Héros Thomas Sankara, le "Che" africain

Thomas Sankara (1949-1987) est un révolutionnaire africain qui appliqua ses idées de changement au Burkina Faso.

L’ancien royaume Mossi de Ouagadougou, devenu protectorat français en 1896, a été artificiellement baptisé Haute-Volta en 1919 par les colons. Divisée en 1932 entre la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger, puis reconstituée en 1947, la République est proclamée en Haute Volta en 1958 dans le cadre de la Communauté Française. Deux ans plus tard, le pays accède à l’indépendance et devient le Burkina Faso en 1984 grâce à... Thomas Sankara. Ce nouveau nom signifie "pays des hommes intègres". Imaginez les changements subis en une centaine d’années et quatre générations d’hommes et de femmes...

Militaire, le capitaine Sankara participe à Madagascar à la révolution qui renverse le régime néocolonialiste et il entre dans la pensée communiste. Conscient de la main-mise colonialiste persistante dans son pays, grand admirateur de la révolution cubaine, il entre au gouvernement en 1981 avant d’en démissionner. En 1983, il est le 1er ministre du nouveau président-médecin Ouedraogo. Mais en raison de ses positions trop radicales Sankara est emprisonné. Libéré par son frère d’armes, Blaise Compaoré, comme lui officier communiste, un coup d’état le porte à la présidence en 1983.

Lorsque Sankara accède aux plus hautes fonctions du pouvoir à 34 ans, la situation semble sensiblement la même au Burkina qu’à Cuba en 1956 : un petit pays très corrompu aux mains de riches pilleurs venus d’ailleurs où règnent l’injustice sociale, l’analphabétisme et le manque d’infrastructures pour une population sur-exploitée... Face à cette situation, les engagements et les réalisations de Sankara sont immenses. On peut citer son combat contre la corruption, son refus des structures féodales tribales comme de l’impérialisme, l’amélioration de l’éducation et de la santé en faisant construire écoles et hôpitaux, l’autonomie prise vis-à-vis des anciens colons, la réforme agraire redistribuant des terres aux paysans, la campagne de reboisement pour lutter contre la désertification et la modification du statut des femmes en interdisant l’excision, en leur donnant accès à la vie politique et en réglementant la polygamie.

En 1987 Thomas Sankara a connu le sort des révolutionnaires : trahi par son plus fidèle ami et frère d’armes, Blaise Compaoré, il est assassiné dans des circonstances toujours non-élucidées. L’avènement du Mouvement de Rectification de la Révolution est alors instauré par le nouveau président Compaoré (qui orchestrera corruption, violence et récession pendant 27 ans). Il estime que Sankara avait trahi l’esprit initial de la révolution burkinabé. Mais les bonnes graines ont la vie dure : au forum social altermondialiste africain de 2006 à Bamako et à celui de Nairobi en 2007, Thomas Isidore Sankara a été proclamé haut et fort modèle de la jeunesse africaine.

Discours de T. Sankara sur la dette.
Un site consacré à T. Sankara.



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