Hélène Bise accompagne les élèves en tant que thérapeute et coach scolaire depuis plus de 10 ans et forme des enseignants en psychopédagogie. Elle est l’auteure de J’aide mon enfant à réussir à l’école (avec C. Goodman, éd. Odile Jacob). Elle se vit comme une graine de changement et défend une école de la confiance.
"Après plus de 10 ans d’accompagnement des élèves, si je ne devais choisir qu’un seul changement à insuffler dans l’éducation, ce serait sans conteste : Donner Confiance, donner confiance !
Personne ne peut forcer un enfant à réussir, mais lui donner ou lui redonner confiance c’est nourrir le terreau de sa réussite. La confiance en soi dépend de l’image que l’on a de soi et de celle que nous renvoient les autres. Changer notre regard sur l’autre peut tout changer.
Une expérience a montré dans les années 1970 que les croyances des enseignants, leurs à priori sur une classe avaient un effet sur ses résultats. On a ainsi attribué à un enseignant un groupe d’élèves en le prévenant que ce groupe avait un QI particulièrement élevé. A un autre enseignant, on a attribué le second groupe au QI prétendu bas. En réalité, les deux groupes avaient un QI égal et bien que la seule différence entre les groupes ait donc été l’attente des professeurs, le premier groupe a obtenu des résultats bien supérieurs au second. On appelle cela l’effet Pygmalion.
L’élève en manque de confiance est souvent découragé par des mauvais résultats et l’enjeu est alors de l’aider à sortir du cercle vicieux de l’échec. "J’ai une série de mauvaises notes, donc je perds confiance, donc je me démotive, donc je ne travaille plus, et donc mes notes empirent." Par peur d’un nouvel échec, l’élève se désinvestit du travail scolaire, il devient passif.
Un enfant ne peut se mettre à travailler que s’il croit en ses capacités de réussite.
Alors, pour aider le jeune à passer dans le cercle vertueux de la réussite, il est important de lui montrer que l’on croit en lui pour ensuite l’aider à fixer une prochaine occasion de réussite (en fonction des objectifs personnels définis et non en comparaison avec les autres élèves). Et cela devient : "J’ai un bon résultat donc je reprends confiance en moi, donc je suis motivé, donc je travaille, donc j’ai de meilleurs résultats." Dans ce cas, l’élève redevient actif, voire pro actif. On peut alors l’inciter à pérenniser ses schémas de réussite en le responsabilisant, "comment as-tu fait pour réussir ?"
Développer la confiance, c’est donc aussi restaurer la notion d’erreur inhérente à l’apprentissage. L’erreur n’est pas une faute mais le moyen de progresser. L’élève n’est pas coupable de ses erreurs, mais responsable du travail fourni ou non.
Quant à la note elle est trop souvent vécue comme le reflet de ce que vaut l’élève. Pourquoi ne pas tenir les notes secrètes, elles ne devraient concerner que l’élève !
Développer la confiance, c’est éviter tout jugement de valeur, c’est transformer la comparaison et la compétition en émulation.
Je me souviens qu’en 3ème, ma fille adorait le dessin, et en fin d’année le professeur de dessin devait exposer dans le collège les meilleurs travaux des élèves. Hélas, deux élèves de la classe, dont ma fille n’eurent aucun dessin exposé. Des lors, elle ne voulu plus toucher un crayon. Le goût d’apprendre et de se dépasser est inné chez l’enfant, chaque enfant a des talents, cultivons les sans cesse.
Alors si je devais bâtir une école de la confiance, je tapisserais les murs de la classe : des preuves de l’excellence des élèves ou de banderoles ou l’on pourrait lire : "Dans cette classe se trouvent des élèves formidables et nous allons faire des choses formidables ensemble." Et des citations inspirantes comme celle-ci de Marc Twain : "C’était impossible alors nous l’avons fait".
Une autre école est en co-création, j’ai confiance.