"Les voyages ont toujours été pour moi une source puissante d’inspiration et d’initiation. Je me souviens du sentiment d’immense liberté ressenti lors de mes premiers voyages en sac à dos. C’est ainsi que ma vision du monde et de moi-même a commencé à profondément changer. Cette envie de voyager ne m’a jamais quittée.

Après une formation commerciale et quelques expériences professionnelles dans ce domaine qui m’ont laissée très insatisfaite, j’ai éprouvé un besoin de relations humaines plus authentiques. J’ai choisi de devenir infirmière en me disant que je pourrais à la fois voyager et être utile. Mon métier m’a permis d’aller à la rencontre d’autres cultures dont les problématiques de santé étaient souvent beaucoup plus élémentaires que celles rencontrées dans nos sociétés développées.

J’ai participé à de beaux projets dont certains continuent à se développer, comme l’ association Djantoli au Mali qui s’occupe de prévention primaire chez l’enfant de 0 à 5 ans et qui s’implante depuis quelques mois au Burkina Faso. Ou encore cette coopération franco-pakistanaise, de prés dix ans, qui a permis la création d’une unité de réanimation médicale dans un hôpital d’Islamabad ; ainsi que la mise en route d’un cursus de formation médicale. L’ailleurs m’a permis de donner du sens à ma vie, de comprendre d’où je venais et les chances qui étaient les miennes.

Tout changement passe par une prise de conscience, une découverte, une vision nouvelle des choses. Je crois que nous sous-estimons nos capacités de transformation, et nos ressources pour accompagner le changement.

Aujourd’hui, je propose aux patients dont la réalité est source de souffrance de découvrir un ailleurs réconfortant, au moins plus supportable pour eux grâce à l’hypnose. Cette pratique repose sur notre capacité d’être ici et ailleurs. L’hypnose est un processus naturel qui permet d’activer les ressources de la personne. Dans cet état de conscience particulier dit « modifié », le champ perceptuel du sujet laisse place à un monde plus sensoriel qu’intellectuel. Le relâchement du mental et la fluidité des perceptions permettent, grâce aux suggestions du praticien, d’envisager d’autres façons de percevoir la réalité, d’autres sensations et de modifier le rapport au monde de la personne. Cette pratique libère un potentiel inexploré chez le patient, et elle lui redonne un sentiment de contrôle et de confiance souvent altéré par la maladie.

Depuis deux ans, j’essaie de développer cette approche au sein de l’institution dans laquelle j’exerce. Peu de moyens sont accordés pour le moment au développement des pratiques psycho-corporelles sur le terrain. Mais je suis invitée à participer à différents comités, groupes de réflexion relatifs à la lutte contre la douleur, aux soins palliatifs, ainsi qu’à la formation des soignants. Je considère cela comme un début.

Je suis ici pour évoluer, pour me transformer, pour être à l’écoute des mouvements intérieurs et extérieurs qui traversent mon existence. Je souhaite continuer à aider les gens à découvrir leurs ressources et les accompagner vers plus de sérénité. J’aimerais continuer à accueillir et à provoquer les changements dans ma propre vie avec toujours plus de confiance."