Quand je regarde en arrière je ne peux pas dire qu’il y a eu un moment où, bam, j’ai décidé de changer. J’ai toujours été touchée par l’altruisme, la justice, le respect du vivant sous toutes ses formes, toujours stupéfaite par la masse de souffrances créées, vécues, subies, traversées chaque jour par les humains. Et cette sensibilité spontanément altruiste m’a rendue assez "différente" disons.

Alors j’ai longtemps été prise dans le double mouvement de vouloir être comme les autres pour me sentir acceptée et de rester moi-même parce que je sentais intuitivement que cette sensibilité particulière était ma force. J’ai lu très tôt et toute jeune j’avais décidé de faire un tour du monde en lisant tous les grands auteurs de tous les pays… Lire a été une ouverture extraordinaire. Mais en même temps, j’aime les gens, j’ai besoin d’être sur le terrain, de servir, de donner un coup de main. En fait, le changement pour moi ça a été un pas après l’autre, à force de lectures, de rencontres, de compréhensions, de réveils, le changement a commencé à prendre forme : c’était à la fois changer ma manière de vivre et donner une forme à mes idées profondes en les mettant en cohérence avec ce que je porte depuis toujours. C’était en fait un alignement sur qui je sens que je suis vraiment. Du coup, j’ai très souvent suivi mon instinct et mon goût pour la liberté, et quand je ne l’ai pas fait je l’ai souvent payé assez cher… Par exemple, quand j’ai enchaîné beaucoup de jobs dans des milieux parisiens très différents mais à mes yeux trop éloignés du vivant.

Un jour, j’ai décidé de me recentrer complètement, d’entrer dans une relation plus directe avec les choses et... d’écrire. Suite à cette décision assez radicale qui m’a amenée à me retirer de tout, tout s’est densifié, j’ai vécu une traversée du désert sur un plan financier, social, amical. Mais cette expérience a été un levier, un formidable retournement, une ouverture, une vraie découverte de mes forces aussi. C’est durant cette année que j’ai commencé à m’intéresser à l’énergie nucléaire que j’espère voir remplacée un jour par celle du soleil, c’est durant cette année que j’ai mis en place ce qui allait faire mon quotidien d’écrivain pendant les années suivantes, c’est là que j’ai commencé à me débarrasser vraiment de tout mon (inévitable) conditionnement, à construire des relations différentes, à panser ce qui devait l’être et à muter, c’est là que j’ai décidé de quitter la capitale, puis de vivre à l’étranger, d’apprendre à faire un potager, de mieux faire connaître les alternatives, d’en créer et d’aller en découvrir.

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