Grands Coeurs Cécile Cochu

Voici l’histoire de Cécile, où une force incroyable est présente derrière chacun de ses mots.

Ceci est l’histoire d’une jeune femme pas tout à fait comme les autres, mon histoire. Depuis toute petite, la vie me malmène, et je suis loin de voir la vie en rose. Bébé, à deux mois, j’ai été victime d’une hémorragie cérébrale, phénomène plus connu sous le nom d’AVC. J’en ai gardé des séquelles en grandissant, qui sont encore présentes aujourd’hui et constituent un handicap invisible, proche de la dyspraxie : problèmes de coordination des mouvements (donc maladresse), difficultés d’écriture manuelle, problèmes de vision dans l’espace.

A cause de ces problèmes de santé et de ce handicap, j’ai eu une scolarité assez chaotique et difficile. D’abord dans des écoles spécialisées pendant tout le primaire. Ensuite, lors de l’adolescence, dans un collège "normal", où, en plus de mes difficultés à suivre les cours, liées à mon handicap, j’ai été en but au rejet de mes camarades, ainsi qu’au harcèlement. Timide, plus âgée de deux ans que la plupart de mes camarades sans avoir jamais redoublé, avec une éducation assez élitiste donnée par mes parents, bonne élève et ne sachant pas me défendre, bref, différente des autres par bien des aspects, j’étais en effet la cible parfaite pour être désignée comme bouc émissaire. Malgré tout, à force d’acharnement et avec le soutien de mes parents jusqu’à la fin du lycée, j’ai obtenu d’abord le Brevet, ensuite le Bac (Littéraire).

Après le Bac commençait la grande aventure des études supérieures, impliquant une prise d’autonomie certaine car mon IUT était à 400 km de ma Bretagne. Deux années de liberté sans les parents sur le dos, mais également deux années de souffrance, à cause de difficultés grandissantes dans les études (DUT Info-Com Métiers du Livre), liées à mon handicap. A tel point que j’en suis devenue dépressive et que j’ai failli abandonner plus d’une fois ces études que j’avais pourtant choisies et que j’aimais. Heureusement, à cette période, j’ai eu la chance d’être soutenue par quelques personnes formidables, qui m’ont aidée à tenir le coup et à aller jusqu’au bout du DUT.

En 2011, diplôme en poche, une nouvelle page se tourne, je quitte Le Havre et ses souvenirs douloureux pour revenir en Bretagne, commencer à chercher du travail. Jeune diplômée, handicapée, sans le permis ni la possibilité de le passer, la recherche d’emploi s’avère vite bien plus compliquée que je ne le pensais. Heureusement, les conseillères Cap Emploi sont là et par leur humanité me permettent de garder le moral, de continuer à y croire, même dans les moments de découragement ! En avril 2013, tout bascule, suite au décès de ma grand-mère que j’adorais. Le chômage longue durée et les relations compliquées avec mes parents aidant, je (re)plonge dans la dépression car je n’arrive pas à faire mon deuil.
Cette grand-mère formidable fait en effet partie des personnes qui m’ont soutenue pendant mon DUT. Fin janvier 2014, mon médecin de famille, voyant que ça ne va décidément pas, m’envoie vers le Centre Médico-Psychologique (CMP) le plus proche de chez moi. Là, prise en charge par une infirmière psychologue, puis par une psychiatre, je trouve enfin quelqu’un à qui parler, et avec le traitement anti-dépresseur que met en place ma psychiatre, j’arrive peu à peu, au fil des mois, à faire mon deuil et à remonter la pente.

Automne 2014, je recommence enfin un peu à chercher du travail et dans le même temps, en complément du suivi au CMP, je commence à voir une psychologue en libéral. Ça me fait beaucoup de bien, le courant passe tout de suite bien, alors même si je dois payer, avec le peu de sous que j’ai, je vais de bon cœur aux séances. Les années passent, je n’ai toujours pas de travail, mais je continue à chercher, encore et toujours. Plus le temps passe et plus j’étouffe chez mes parents, j’aspire à prendre mon indépendance, à 25 ans passés. 2016 sera mon année, je l’ai décidé ! Alors, après de nombreux mois de démarches pour trouver un logement qui me convienne, tant au niveau loyer (je suis au RSA), qu’au niveau environnement - j’ai besoin de calme pour être bien - en février, je déménage enfin. À moi l’indépendance et la liberté ! Et si aujourd’hui, à tout juste 27 ans, je n’ai toujours pas de travail et encore besoin de suivi psy et d’anti-dépresseurs, je n’ai qu’une envie, malgré toutes les difficultés que j’ai eu à traverser jusque-là : avancer, malgré mes problèmes de confiance en moi, mon handicap, et essayer de repousser mes limites ! Avancer, y compris en m’engageant dans des causes comme la lutte contre le harcèlement scolaire ! Même dans les moments les plus noirs, il faut toujours garder espoir ! Si j’ai réussi, vous aussi vous pouvez le faire. Croyez en vous et en vos rêves.



Portrait suivant → ← Portrait précédent

Apprentissage   Handicap 

Plus de Grands Coeurs