Sylviane pense qu’on change continuellement et que le monde est en mouvance perpétuelle. Elle partage sa vision en retraçant quelques étapes de sa vie...
Sylviane pense qu’on change continuellement et que le monde est en mouvance perpétuelle. Elle partage sa vision en retraçant quelques étapes de sa vie...
"Je repère de grandes ruptures, de grands moments de transformation dans le cours de nos vies. Des situations qui nous font nous rétrécir, jusqu’à ne garder qu’un timide souffle de vie et d’autres moments où même l’univers semble minuscule pour notre déploiement.
Ainsi, les grands changements dans ma vie sont liés aux naissances, à la mort, à l’amour, aux voyages, à l’enseignement mais ce sont essentiellement les rencontres qui m’ont transformée.
La mort de mon frère, âgé de vingt ans m’a brutalement sortie de la naïveté, du monde enchanté de l’enfance où l’horizon est immense, ouvert à tous les projets. Je me suis retrouvée en déséquilibre, en danger, désillusionnée. Les grandes douleurs nous métamorphosent, dans certains cas nous font renaître sous un autre aspect de nous-mêmes.
Puis il y a eu la rencontre foudroyante de l’amour. Plus rien d’autre ne compte, cette respiration chaude, envoûtante qui vous fait oublier tous les êtres alentour. L’amour passion, l’amour fusion qui vous sépare du reste des humains, qui révèle en vous des forces insoupçonnées, de travail, de bataille, de vie sauvage à pleins poumons. Une énergie à nulle autre pareille. La naissance de mes enfants m’a trouvé très démunie, comment faire pour mener ces quatre joyaux vers la liberté de penser, la liberté d’être. Les enfants ont été absorbés par la bulle fusion, qui a roulé jusqu’à perdre sa belle forme et ralentir et être dissoute par les séparations, les trahisons, la maladie et la mort. De nouveau, ce rétrécissement, la mort d’un certain monde.
Mais ce qui accompagne en continu ces différentes transformations c’est la curiosité, l’étude, les voyages et les merveilleuses rencontres, la découverte de l’importance de la tierce personne. Cette relation à l’autre, profonde, pleine de richesses. Apprendre. D’où me vient cette envie d’être toujours en apprentissage ? C’est comme un feu, non pas un incendie mais le feu de la digestion, toujours en veille, petite flamme active ou ré activée, gentiment alimentée et qui veille. Le feu, l’ « Agni » des Indiens, qui brûle à l’intérieur, qui me cuit, me transforme. Chaud, pacifique, protecteur, qui ne cherche pas une vérité mais qui s’alimente de toutes les vérités. Apprendre, c’est apprendre à être, cela ne meurt jamais et nous transforme à l’infini."