Certains Changeurs de monde sont vraiment partis de rien. C’est le cas de Satish Kumar, né dans le nord de l’Inde en 1936.
Certains Changeurs de monde sont vraiment partis de rien. C’est le cas de Satish Kumar, né dans le nord de l’Inde en 1936.
Très sensibilisé à la vie spirituelle et au respect du vivant par sa mère, il décide à 9 ans de rentrer dans les ordres et de devenir un moine Jaïn. Cette spiritualité orientale, qui a vu le jour en Inde 10 000 ans avant Jésus Christ, met l’accent sur la pratique active de la non-violence et sur un immense respect du vivant. De nos jours, par exemple, on peut voir les adeptes de ce courant protéger leur nez et leur bouche avec un tissu léger pour ne pas risquer de tuer un insecte par mégarde en respirant.
Mais pour Satish Kumar, cet engagement spirituel n’est pas suffisant et un jour, après avoir lu un livre de Gandhi, il se décide à se rapprocher du mouvement d’indépendance de l’Inde pour être plus en contact avec le terrain. Il rencontre ainsi le bras droit de Gandhi, Vinoba Bhave.
La vision de Gandhi reposait essentiellement sur la force des paysans et, après l’assassinat du Mahatma, Vinoba Bhave a continué son travail dans toute l’Inde, prêchant la non-violence et l’accès à la terre pour tous. Aujourd’hui, cette question n’est toujours pas réglée et le mouvement Ekta Parishad rassemble des milliers de paysans qui gagnent peu à peu leurs droits à la terre en organisant des marches non-violentes pour faire pression sur les autorités. Mais nous en reparlerons.
Sensible à l’avenir de la planète, Satish Kumar est surtout effrayé par la course au nucléaire engagée par les nations dominantes. Inspiré par le penseur Bertrand Russell qui a beaucoup écrit sur la désobéissance civile, Satish Kumar et son ami E. P. Menon décident donc à 24 ans de faire une marche pour la paix sans un sou en poche. Leur idée : rallier à pied les 4 capitales du monde nucléaire : Moscou, Paris, Londres et Washington.
Ils tiennent leur pari et ne survivent que grâce au sens du partage des gens qu’ils rencontrent sur leur route... Une générosité que tout voyageur nomade confirmera, j’en suis sûre !
Depuis, Satish Kumar a continué son chemin par les mots. Installé modestement en Angleterre, il dirige la revue alternative Résurgence qui met en lumière énormément d’alternatives et informe beaucoup de monde. Écrivain, conférencier, il aborde toutes les questions environnementales avec un ancrage spirituel. Il reverse une partie des droits de ses livres à l’association Survival International qui défend les droits des peuples dits premiers.
En français, on peut lire de lui : Tu es donc je suis, S. Kumar, Belfond.