Super Héros Sourour Pivion, dans l’esprit de Maria Montessori

Sourour voue sa vie à la pédagogie proposée par Maria Montessori. Elle nous partage ses motivations.

> Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Je suis native d’une ville, Le Kef, au nord-ouest de la Tunisie. C’est à 20 ans que je suis arrivée à Paris, pleine de volonté et d’envies. Les questions relatives à l’éducation me passionnaient. Convaincue qu’une autre manière d’aborder l’école était non seulement possible, mais nécessaire, je me suis inscrite à l’institut de formation pédagogique et psychologique (IFPP) afin de m’orienter dans cette voie. Cet organisme délivre aux étudiants les moyens d’appréhender les diverses manières d’enseigner, les pédagogies dites alternatives tels Steiner, Decroly, Freinet… Et c’est là que j’ai fait la découverte de ma vie : Montessori !
Un vrai choc.

Je me suis immédiatement sentie en harmonie avec cette femme et sa façon tellement humaine d’enseigner aux enfants. En fait, je venais de mettre un nom sur ma manière de vivre, un peu comme monsieur Jourdain découvre qu’il faisait de la prose sans le savoir… Je n’ai pas hésité, je devais suivre cette voie. Je me suis inscrite à la maison « mère », à Perugia, en Italie pour devenir éducatrice Montessori. C’est au cours de cette année fabuleuse, 1993, que j’ai appris la langue de Dante, et que j’ai obtenu le diplôme d’éducatrice Montessori international.

> Pourquoi avoir choisi cette pédagogie ? Concrètement, cela signifie quoi la pédagogie Montessori ?
La pédagogie Montessori est une manière de vivre, d’appréhender l’enfant d’une manière différente… L’enfant n’est pas un petit homme à éduquer mais un homme en devenir à accompagner ! Cela change complètement la manière d’enseigner.
J’ai fait un choix conscient et responsable en œuvrant pour cette philosophie. C’est un projet cohérent et global qui aborde l’ensemble des données sociétales. Il aide à l’autonomie des enfants dans leur quotidien, sur le plan émotionnel et psychologique. Il les arme pour la vie… Cette pédagogie leur donnera les clés pour comprendre le monde et mieux l’appréhender. L’enfant n’est plus un individu centré sur lui, mais ouvert aux autres dans un monde plus solidaire et durable.
Pour les parents, accompagner son enfant dans notre maison des enfants Montessori est avant tout une histoire de confiance. C’est aussi la recherche de valeurs communes entre la maison familiale et la maison des enfants. C’est voir son enfant grandir et être accompagné et guidé dans un environnement harmonieux aidant à son développement global et son épanouissement maximal.

> Combien d’écoles avez-vous fondé ?
J’ai fondé ma première école en 1999 à Romainville, dans un quartier « chaud ». Notre école était dans l’appartement d’un immeuble HLM. Cette école mixait déjà les populations puisque les gens qui inscrivaient leurs enfants devaient amener les enfants au cœur de la cité. C’est cette mixité que je recherchais également. Puis j’ai ouvert une nouvelle école au Pré St-Gervais en 2001. Et enfin, suite à des problèmes avec la municipalité de Romainville, nous avons déménagé à Montreuil en 2006 où se trouve notre siège aujourd’hui encore.
En octobre 2015, j’ai ouvert une structure toute fraîche dans le quartier du Lac 1 à Tunis. Une Maison des Enfants qui, je l’espère, permettra à de nombreux Tunisiens de profiter de cette pédagogie fantastique.
L’éducation en Tunisie est un phare. Depuis Bourguiba, l’école a joué un rôle central dans la société tunisienne. Aujourd’hui, avec le temps et l’actualité en Tunisie, il est important, je pense, d’apporter ma pierre à l’édifice dans mon pays. La pédagogie Montessori à révolutionné ma vie, j’aimerais qu’elle révolutionne également la manière d’enseigner sur place !

> Aujourd’hui, face à l’échec scolaire, le refus scolaire, votre méthode est-elle soutenue par les élus ici en France ?
Assez difficilement j’en conviens. Mais cela change ! Si j’ai eu quelques soucis avec des élus lors de l’ouverture de certaines structures, je me rends compte aussi que nous n’aurions pu ouvrir sans l’aide de certains ! Bartolone, par exemple, était le Maire du Pré St Gervais lors de notre demande pour y ouvrir notre école. Il a soutenu notre projet à fond et nous a même trouvé des locaux ! Les mentalités changent, les élus sont aussi parents et se rendent compte que les pédagogies dites alternatives peuvent avoir du bon lorsque le conventionnel conduit à l’échec nombre de jeunes chaque année. Et puis, je ne compte pas me cantonner à la France et à la Tunisie ! La vie est longue et je compte bien soutenir cette pédagogie aux quatre coins du monde s’il le faut !

Un film intéressant est en préparation qui présente la pédagogie Montessori, "Le Maître et l’Enfant".



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